Au milieu des costumes cravates,
Des tailleurs tristes et talons aiguilles,
Seule elle va par les rues de la ville,
Majestueusement, sans la moindre hâte,
Dans la cohue et le tohu-bohu.
Elle avance lente comme un charme,
Silencieuse, au coeur du vacarme,
les pieds nus sur la grande avenue.
Elle glisse entre les pas des passants
Qui ne se rencontrent pas en se croisant.
Elle regarde la foule affairée
Comme on regarde un fleuve familier.
Elle n'est pas à vendre.
Elle n'est pas à prendre.
Habillée d'un petit rien,
De son sourire coquin,
Les cheveux defaits au vent,
Elle va sur ses vingt ans,
Elle va par les rues de la ville,
Une chaînette dorée à chaque cheville,
Peau lisse sur le pavé qui brille.