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Titre du blog : poèmes poésie prose
Auteur : ppp
Date de création : 29-05-2011
 
posté le 13-12-2011 à 18:15:25

L'histoire extraordinaire de la femme rouge

 

Ah ! Enfin ! Voilà la ville, pleine d'entrain !

Bah !Dans mon petit pré carré, rien à faire.

Où est la gare ? Où est le chemin de fer ?

J'ai une grande envie de voir passer les trains !

Je mâche un bubble gum à la chlorophylle,

Je rumine...Oh ! La vache ! Toutes ces filles...

Soudain, devant moi, la femme, l'enchantement.

Une femme extraordinairement très belle.

Infiniment féminine et fragile, frêle,

Où à la fragilité soutenue se mêle

La force de la vraie liberté sauvage.

Et l'harmonie touche là presqu'à l'outrage.

Elle se montre, peu nuancée, sans tapage.

Elle est superbe d'allure et d'arrogance.

Quel maintien ! Quelle allure et quelle élégance !

Elle a un côté étrange , exotique !

Elle a due vivre loin, peut-être l'Afrique ,

Non, moins loin, l'Andalousie occidentale,

Peu importe, elle est de lignée royale.

Elle est mystérieuse, énigmatique.

D'une grande simplicité excentrique

Elle a une tendresse féroce et barbare.

Elle a un parfum précis et très très rare.

Une telle beauté n'aura pas de maître.

Elle est à une trentaine de mètres...

Elle s'est arrêtée devant une vitrine.

Je la vois de profil, elle pose,

Dans une posture de courbes

Qui monte comme une colonne de musique.

Elle bouge en petits mouvements,

D'une extrême délicatesse,

Elle est toute habillée de rouge !

Il faut que je lui parle !

Je vais lui demander l'heure...

Non ! Pas ça ! C'est trop con !

Je vais lui dire que je l'aime !

Un long meuglement...

Non ! Il faudrait lui chanter !

Je ne sais pas chanter.

Il y a trop de monde.

Seul, le silence peut convenir à une telle prestance !

Il faut rien lui dire.

Il faut lui faire un signe.

Un signe ! Oui, un signe !

Je vais lui faire un signe !

Je suis trop loin et après je serai trop près.

J'ai envie de m'arrêter pour la contempler davantage

Et j'ai envie de courir pour être encore plus vite plus près.

Mais ce n'est pas un gibier

Et je ne suis pas un chien d'arrêt ! Ce n'est pas assez somptueux !

Je vais m'approcher et lui passer mes doigts dans ses cheveux.

Magnifique sa chevelure ! Mais je tremble ! Elle va voir que je suis fébrile !

Et puis je la connais que depuis dix secondes ! Trop précipité !

Je suis à quelques pas d'elle, un passage protégé à traverser et je serai à sa hauteur !

Que faire ? Que faire ? Elle commence à m'agacer !!!!

Je dois agir vite , il y a urgence...

Vite, un geste spontanément sincère...

Je vais lui mettre la main aux fesses , pour voir si elle a la fesse ferme ! Non mais !

On peut aller directement au but, se faire comprendre, sans tourner autour du pot .

Hein ! C'est quoi tous ces obstacles inutiles du savoir-vivre ?

Elle m'énerve ! Mais elle m'énerve !

Je crois que je vais lui rentrer dedans, la tête la première , en plein milieu !

Pour qui elle se prend celle-là ?

Je me sens excessif ...trop, peut-être.

Mon coeur s'accélère.

Ma respiration devient bruyante.

J'avance par soubresauts.

J'ai l'impression que je bave.

Le choc est terrible.

Le feu était vert.

Je n'ai pas vu la voiture.

Me voilà soulevé dans un crissement de pneu,

Et allongé sur le capot.

Mais sur un passage protégé,

Suis-je en tort ? Oh !

Les badauds m'encerclent

Debout, comme dans une arène.

J'ai la tête baissée,

Je ne les regarde pas,

Je fixe la femme.

La femme me fait face à trois mètres.

Sous ses habits rouges, brille le costume du toréador.

Elle a une main derrière le dos.

La tête baissée, j'attends.

Je suis pas blessé gravement.

Mais je saigne un peu au niveau de mes banderilles, certainement.

J'attends le poignard qui va passer entre deux vertèbres et me percer le coeur.

Je suis sûr qu'il y a beaucoup de cris, de soleil, de chaleur,

Il y a du sable quelque part,

Sous mes mains, dans mes yeux.

Je fixe la femme.

D'un air hautain, elle fait demi-tour,

Avec toute la lenteur dédaigneuse du vainqueur habitué aux victoires.

Elle s'éloigne.

La bête ne pénètre qu'une fois dans l'arène.

Elle ne combat qu'une fois. Il faut l'exécuter.

Je me relève et regarde le conducteur qui hurle toujours.

«  On a commencé à me tuer, continuons, c'est bien la règle.

Quand vous m'aurez coupé la queue et les deux oreilles,

Veuillez offrir tout cela à la femme qui s'éloigne la-bas,

C'est son bien ! « 

Le conducteur ne cris plus.

Il a ce regard interrogatif où à ses questions , les réponses sont encore absentes.

On dirait un cinglé !

Je suis vidé.

Je suis beau, vidé.